Archives, sources et enquêtes pour la connaissance des vins liquoreux en France et en Europe (XVI e XXe siècles)

Journée d’études organisée par le CEMMC 

Vendredi 18 janvier 2019 > 9h-16h30
Archives départementales de la Gironde 72-78, Cours Balguerie Stuttenberg, Bordeaux
Organisation et contact : Stéphanie Lachaud-Martin Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Contexte



Le 9 janvier 2014, le journaliste Bernard Burtschy publiait un article dans la rubrique «  Vin  » du site du Figaro, intitulé, sans grande originalité, « Le secret des grands liquoreux »1, citant alors les vins de Sauternes, de Tokaj et de Jurançon. En cela, il révèle l’approche générale qu’a le grand public, même amateur, de ces vins, à savoir qu’ils conservent une part de mystère. Or, bien que produits dans des espaces différents, on pourrait aussi citer les coteaux du Layon, les pacherenc-du-vicbilh, les vins d’Alsace en vendanges tardives, les Loupiac et Monbazillac. Tous sont globalement considérés comme des « vins doux et sucrés », même s’ils sont issus de territoires différents, où la donne naturelle, les conditions socioéconomiques de production et les besoins des marchés sont divers. Il est donc nécessaire de mieux comprendre et faire connaître ce qui rassemble mais aussi distingue, audelà du goût, ces vins originaux, rares et relativement peu consommés. Si des études ponctuelles et des monographies ont été réalisées sur plusieurs de ces vignobles, aucune recherche n’a encore envisagé de les traiter dans une perspective comparée ni globale. Pourtant, les archives, notamment les archives départementales de l’Aquitaine (Gironde, Dordogne, PyrénéesAtlantiques) contiennent quantités de documents relatifs à ces espaces viticoles : des terriers, des plans, des cartes, des cadastres, notamment viticoles, qui permettent d’aborder la question de la construction des vignobles et de l’évolution de l’emprise du vignoble par la structure de la propriété foncière, évoquant les différentes catégories d’acteurs, tout comme les actes notariés y invitent aussi. Les papiers des négociants, les archives d’entreprises, comme les sociétés de la grande distribution, ou les correspondances commerciales éclairent sur les réseaux de commercialisation et les marchés de consommation. Les récits de voyages et les écrits du for privé permettent d’aborder la question sous l’angle plus personnel, voire intime, des producteurs et des consommateurs. Ces documents, s’ils sont bien connus par les historiens de la vigne et du vin, méritent d’être réinterrogés d’un point de vue méthodologique, car les informations qu’ils offrent sont souvent éparses et la difficulté reste d’obtenir un regard synthétique sur le temps long. De manière plus récente, les archives de l’INAO, du CIVB, le cadastre viticole méritent d’être exploités pour s’interroger sur les cadres de la production, la réglementation, le rapport aux institutions et leur rôle. À ces sources archivistiques peuvent s’ajouter d’autres méthodes d’investigation, telles que les travaux sur le terrain pour l’étude patrimoniale et paysagère des vignobles, les enquêtes orales pour interroger les acteurs du présent ou d’un passé récent sur les pratiques, le savoirfaire, son évolution et sa transmission. Cette mise en perspective de diverses méthodes de connaissance historique sur le temps long des vignobles de blancs doux et liquoreux est une entreprise neuve qui a plusieurs objectifs. Le premier est, d’une part, une meilleure connaissance de ces vignobles souvent qualifiés de «  mystérieux  », en présentant les fonds disponibles, en particulier pour les XIXe et XXe siècles dont les ressources sont vastes et très diverses, en les donnant à voir et en réfléchissant aux méthodes d’exploitation. D’autre part, il s’agit de faire connaître et de valoriser en tant que patrimoine culturel, des techniques, des savoirfaire, des paysages, caractéristiques des vignobles liquoreux, à l’heure d’une crise de mévente pour un grand nombre d’entre eux. C’est pourquoi, cette journée d’étude souhaite réunir plusieurs regards et expériences, avec la participation les archives départementales de la Gironde, de la Dordogne et des Pyrénées-Atlantiques, les historiens et les géographes intéressés par l’histoire viticole et rurale, ses enjeux économiques et sociaux, par la construction et le développement de ces territoires originaux, lieux de production marqués par une forme d’homogénéité paysagère et résultats d’une construction culturelle identitaire qu’il conviendra d’interroger.

 

Programme

8h30 > Accueil des participants
9h > Présentation et introduction de la journée Agnès Vatican, conservatrice générale du patrimoine, directrice des archives départementales de la Gironde Christine Bouneau, professeur d’histoire contemporaine, directrice du Centre d’Études des Mondes Moderne et Contemporain (CEMMC), Université Bordeaux Montaigne Philippe Darriet, professeur d’œnologie, directeur de l’unité de recherche Œnologie (Inra - Université de Bordeaux - Bordeaux INP) de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin de Bordeaux
9h30 > Introduction scientifique Stéphanie Lachaud Martin (Université Bordeaux Montaigne) et Stéphane Le Bras (Université Clermont Auvergne) Les archives du vin : légendes, dissimulations et dispersion

10h-10h20 > Francis Brumont (Université de Toulouse Jean Jaurès) Vins blancs doux de Béarn. Sources pour l’époque moderne
10h20-10h40 > Laurent Jalabert (Université de Pau et des Pays de l’Adour) Sources disponibles, enquêtes et perspectives de recherche dans le Jurançon et le Vic Bilh à l’époque contemporaine
10h40-11h > Corinne Marache (Université Bordeaux Montaigne) Archives du Monbazillac
11h-11h30 > Questions / Pause
11h30-11h50 > Jean-Michel Chevet (ISVV - Université de Bordeaux) Que peut nous apprendre le cadastre sur l’histoire des vins liquoreux ?
11h50-12h10 > Agnès Vatican Les archives du CIVB : des sources à découvrir pour l’histoire récente des liquoreux bordelais
12h10 > Questions / Buffet

14h-14h20 > Sandrine Lavaud (Université Bordeaux Montaigne) et Pauline Leveillé Mazucco (Université Bordeaux Montaigne) La recherche des origines : quelles archives pour quelles focales sur les liquoreux du Bordelais ?
14h20-14h40 > Jean-Pierre Rajchenbach Éléments d’histoire foncière du vignoble des graves d’amont 
14h40-15h > Éric Pothier (Vigneron à Sauternes) La coopération à Sauternes depuis les années 30 ou la mémoire amnésique du territoire
15h-15h30 > Questions / Pause

15h30-15h50 > Vincent Joineau (Université Bordeaux Montaigne) Les réseaux de commercialisation des vins du Sauternais au cours de la seconde moitié du XIXe siècle à travers les sources documentaires liées à la navigation et au transport ferroviaire
15h50-16h10 > Alessandro Carassale (Université de Gênes) Les vins doux et liquoreux à Gênes entre le XVIII e et le XIXe siècle : production et consommation
16h10-16h30 > Questions et clôture