Mardi 6 mars 2018 à 19h00
Qu’est-ce qu’un vin ? On peut le décrire en termes sensoriels, comme dans les notes de dégustation qui parlent de fruits rouges, de cuir ou de réglisse, de fraîcheur ou de corps. On peut en parler en termes chimiques ; on peut en parler en termes biologiques ou biochimiques ; on peut parler des qualités ou des défauts qu’il possède ou au contraire, quand il s’agit de « vins naturels » de ses « qualités négatives », de tout ce qu’il n’a ou n’est pas (« sans-sans-ni-ni » : sans soufre, sans collage ni filtrage etc)…
Et le vin est tout cela sans doute – arômes, molécules, ferments et enzymes. Mais il est davantage et autre chose : un vin, une boisson, c’est aussi un ensemble de gestes, de pratiques qui s’inscrivent dans le temps (quand ?), dans l’espace (où ?) et dans la socialité (avec qui, comment ?). Ce sont ces dimensions qui lui donnent sens et existence. Ainsi le champagne, c’est la célébration et la fête. Le cognac, c’est (c’était ?) la sérénité et la méditation… Il y a des vins dits « de conversation » et des « vins de soif »… La question des usages se pose, à des degrés divers, pour tous les vins. Un vin sans usage, en un sens, n’a pas de sens : il a dès lors du mal à exister…
Les usages évoluent avec le temps. Imaginez un grand liquoreux d’Aquitaine : un Sauternes, un Loupiac, un Jurançon ou autre Sainte Croix du Mont… Vous pensez sans doute aujourd’hui qu’il ne peut se passer d’un foie gras de début de repas ? Et vous pensez bien sûr qu’en vous faisant cette suggestion d’usage, on vous demande du même coup de vous abandonner au péché de gourmandise revisité par les brigades nutritionnistes de la médecine contemporaine ? Claude Fischler recadrera peut-être ces croyances pour vous…
Le fameux sociologue Claude FISCHLER qui depuis « L’Homnivore » (Eds Odile Jacob, 1999) a disséqué ces goûts et ces usages, ces différences culturelles régionales et internationales, ces fameuses angoisses des crises alimentaires et sanitaires….Les multiples recherches du directeur du CNRS qui du Centre Edgar-Morin à l’EHESS nous permettront justement de mieux comprendre le passé et le futur de ces vins délaissés aujourd’hui et furieusement tendance demain…Le pourquoi et le comment de ces fameux usages à travers l’Histoire, les modes et contre-modes.
Rendez-vous mardi 5 mars aux Vendanges du Savoir pour découvrir tout ce qui n’est pas encore écrit sur le sujet, tout ce que vous n’imaginez forcément pas. Pour comprendre finalement la culture de nos comportements d’(h)omnivores, de ce que nous aimons et de ce que nous aimerons un jour en matière de vin, du fait de ces usages, de notre mode de vie et de notre culture alimentaire incessamment reconstruite.