Les travaux de l'axe MIB


« Notre savoir-faire s’articule autour des procédés d’extraction et de purification des substances naturelles, la valorisation de co-produits issus de la filière viti-vinicole et l’évaluation de leurs propriétés biologiques », nous explique Pierre Waffo-Téguo, Professeur et Pharmacien à l’Unité de recherche Œnologie de l’ISVV, Axe MIB (Molécules d'Intérêt Biologique).
En effet, les travaux de cet axe visent à développer des recherches sur la caractérisation des polyphénols de la vigne et du vin, en particulier les « stilbènes ». Ces molécules, notamment le resvératrol, présentent des propriétés biologiques intéressantes (neuroprotectrices, anti-inflammatoire, chimiopréventives…). L’équipe MIB héberge une cellule de transfert « PolyphenolsBiotech », dont les champs d’expertise sont la phytochimie, les activités biologiques et les biotechnologies végétales. Ces compétences sont en lien avec l’activité de recherche du MIB orientée polyphénols et santé. Un exemple de valorisation qui a pu être réalisée jusqu’au produit fini : la Société Nutrivercella qui a pris une licence sur le brevet FR07/03492 et a mis sur le marché NEOGIL®, un complément alimentaire anti-inflammatoire à base d'anthocyanes de raisin et de propolis en prévention ou co-traitement de la polyarthrite (produit distribué en pharmacie depuis 2013).

La technique de CPC : une méthode alternative

Le Professeur Pierre Waffo-Téguo, qui développe son activité de recherche autour de la purification et la caractérisation des composés phénoliques à activité neuroprotectrice (notamment l’inhibition de l’agrégation des peptides amyloïdes impliqués dans les maladies neurodégénératives), nous démontre les avantages de la chromatographie liquide-liquide.

En effet, les extraits végétaux sont une matrice biologique complexe et la séparation des composés reste un challenge. Les techniques de séparation classiques comme la CLHP (Chromatographie Liquide Haute Performance) sont couramment utilisées pour la purification à l’échelle préparative. Ces techniques de purification classiques présentent un certain nombre d’inconvénients : les rendements sont faibles car on a une adsorption irréversible sur la phase stationnaire, la consommation de solvant est très importante et le choix des phases est limité. Pour toutes ces raisons, la CPC est une méthode alternative. C’est une technique de choix pour la séparation de produits naturels d'origine végétale. La CPC s’adresse tant aux laboratoires de recherche et développement qu’aux industries dans les domaines de la chimie-pharmacie, de la cosmétique, des biotechnologies ou des produits naturels.

Des outils analytiques pour caractériser et purifier les molécules

La région Nouvelle Aquitaine vient de valider l’achat d’un nouveau spectromètre de masse de haute résolution : le « Thermo Scientific QExactiveHybridQuadrupole-Orbitrap » d’une valeur de plus de 450 000 € afin de pouvoir poursuivre les travaux d’analyse structurale et renforcer les outils analytiques existants.

Au sein de l’axe MIB, plusieurs outils analytiques performants sont utilisés, comme les colonnes CPC de différentes capacités (rotor 25, 200 et 1000 mL). En effet, le rotor 25 mL est idéal pour le développement de la méthode et permet la séparation de quelques mg d’échantillon en quelques minutes seulement. Celui de 200 mL permet quant à lui la séparation de 100 mg à quelques grammes et celui de1000 mL une purification à l’échelle pilote (dizaines de grammes).

Il y a également un spectromètre RMN (Résonance Magnétique Nucléaire) et un spectromètre de masse dédiés à l’anatomie moléculaire. Ces outils peuvent être potentiellement couplés à la CPC afin de caractériser et purifier simultanément les molécules.  

Les nouveaux défis: développer les solvants verts et la stratégie internationale

Pour le Professeur, le défi prioritaire est de produire des composés phénoliques à l’échelle préparative pour des études in vitro et in vivo. Le développement de nouveaux systèmes de solvants biphasiques à partir de solvants verts (comme les agrosolvants) est également un challenge.

Pierre Waffo-Téguo vient quant à lui de permettre la signature d’un accord de convention entre l’Unité de recherche Œnologie et le très renommé ICCBS – International Center for Chemical and Biological Sciences – au Pakistan, en partenariat avec Bordeaux INP et l’Université de Bordeaux, afin d’encourager l’échange d’étudiants et de doctorants ainsi que le partage de molécules.